En 1970, un noyau de comédiens amateurs du Jeune Théâtre de l’Université Libre de Bruxelles se revendiquant d’un théâtre politique par une théâtralisation différente du répertoire ou par une relecture des classiques, donne naissance à la Compagnie du Campus.
Portée notamment par Henry Ingberg et Paul Biot, rejointe plus tard, par Franco Dragone et d’autres, la compagnie se professionnalise, mettant en œuvre les principes d’un théâtre qui se veut au service de l’action culturelle et politique, et dont les réalisations, immédiatement ancrées dans les problèmes du temps, s’adressent à des publics populaires. Ces créations proposent un usage social, politique et critique de l’outil théâtral et dans cet esprit, elles sont diffusées dans des lieux non conventionnels.
Depuis lors, la Compagnie conçoit sa démarche comme une pratique vivante de création collective de spectacles : son objectif est que tout être humain qui s’y implique, se revendique comme créateur d’une histoire collective. Son projet s’inspire du vécu quotidien de personnes confrontées à des situations d’injustices et de domination, ainsi que de l’expérience de ceux et celles qui luttent à leurs côtés.
Au fil du temps, la Compagnie agrandit son espace d'intervention à travers ses relations internationales, principalement au Québec, en France et en Italie.
Elle est aujourd’hui, l’une des 21 compagnies professionnelles en Fédération Wallonie-Bruxelles reconnues par le décret des Arts de la Scène de 2003 et dotées d’un contrat-programme. Elle participe avec d’autres à un mouvement vivant, au travers de la Fédération du Théâtre-Action et lors d’évènements organisés par le Centre du Théâtre-Action.
Pour qui souhaiterait se documenter davantage sur le parcours de la compagnie depuis son origine, l’ouvrage « Quarante ans de théâtre-action », édité aux Editions du Cerisier, rend compte de son évolution à travers articles de fond et fiches relatives aux créations.
« Le théâtre ne peut être à l’abri, du monde tel qu’il est et de l’injustice sociale qu’il produit »
Dans la force de l’âge, avec la maturité de ses cinquante ans, et aux côtés de ceux qui luttent pour un monde plus juste, la Compagnie du Campus mène avec conviction et fierté, un projet théâtral où, la parole et l’acte créateur sont rendus à ceux que la société marginalise ou exclut.
Dans nos ateliers, à travers la prise de parole publique de ces personnes et les questionnements que les rapports sociaux suscitent dans l’équipe artistique, notre projet théâtral se conçoit comme un acte de résistance aux critères de compétition, de performance, de rentabilité. Rendre à chaque participant et à chaque spectateur la conscience de l’importance de sa place dans le monde, reste un enjeu fondamental.
Nos ateliers visent à ce que persiste un lien essentiel entre ce qui est dit et montré et ceux ou celles qui le disent et le montrent. Ce qui est pour nous la seule façon de ne pas reproduire le modèle social. Sous les feux des projecteurs, ce sont les collectifs eux-mêmes avec lesquels nous partageons un processus de création théâtrale, qui se mettent en scène pour transmettre leur parole particulière et pour toucher d'autres publics en résistance lors de la circulation de leurs spectacles. Ceux-ci étant toujours suivis d’une rencontre. A travers ce processus, participants aux ateliers et spectateurs pratiquent leurs libertés et droits culturels.
Les créations autonomes de la compagnie s'inscrivent dans une relation étroite avec un terrain d'activité, un engagement, un projet militant. Elles se nourrissent toujours du travail des animateurs en atelier. Les créations autonomes adoptent une démarche de théâtralisation qui maintient la rigueur du propos et l’originalité de la forme en prenant toujours en compte la plus grande accessibilité aux différents publics. Elle est l’expression théâtrale directe de l’identité de la Compagnie.
Nous sommes également impliqués dans la formation, la transmission d’une pratique théâtrale, à travers une philosophie et un processus particuliers propres au théâtre-action. Aux compétences intellectuelle et théâtrale, s’ajoute la compétence pédagogique. Nous formons à des techniques, mais surtout, à la traversée d’un processus au terme duquel chaque aspirant comédien-animateur peut créer sa propre méthodologie, qu’il est capable d’adapter en fonction des publics et de leurs projets.