Cette création est issue d’une coproduction entre la Compagnie du Campus et une compagnie québécoise, le Théâtre Parminou. Elle a été réalisée en lien avec des groupes de femmes du Québec comme de Belgique, travailleuses et/ou sans travail, vivant une situation de précarité.
Une version belge de « Revenez lundi » est, depuis octobre 2007, diffusée par la Compagnie du Campus, avec Danièle Ricaille, comédienne-animatrice au Théâtre des Rues.
Nous sommes dans un Centre Public d'Aide Sociale, à l'heure de table. Epuisée, Gervaise, l'assistante sociale, s'est enfermée dans son bureau. Elle mange son sandwich à la fenêtre, quand elle est interpellée par Johanne, la bénéficiaire, qui vient la remercier pour l'obtention d'un logement social. Derrière ce merci se profile une urgence. Johanne a besoin, dans l'instant, d'un formulaire lui permettant d'aller chercher gratuitement des somnifères... .
Johanne vient donc remercier Gervaise, mais le système ne prévoit pas les remerciements. Johanne trouve la porte fermée. Celle qui est de l'autre côté est incapable d'imaginer que l'assistée veut lui donner quelque chose et non prendre le peu d'énergie qui lui reste. Les deux femmes sont en réalité appelées à se conformer à un modèle social insoutenable à la longue. Si celle qui est assistée n'a jamais la permission sociale d'aider l'assistante, quelle place reste-t-il pour une compréhension élargie de la racine des problèmes de l'une et de l'autre ? Le geste de remercier et d'accepter les remerciements, a le potentiel de mettre les deux sur une sorte de pied d'égalité. Mais il peut être très difficile de voir que la femme de l'autre côté de la porte a, elle aussi, quelque chose à offrir...
« Revenez Lundi est aussi la rencontre de deux cultures, la québécoise et la belge, qui se ressemblent plus qu'on ne le pense. Deux auteures-comédiennes et deux metteurs en scène qui ont opté pour une approche sobre du jeu afin de mettre en relief un texte réaliste rehaussé de quelques monologues d'une touchante poésie. Ce choix fait contrepoids aux symboles suggérés pour illustrer les rapports de force (l'agente d'aide sociale debout sur son bureau, la prestataire qui fait une crise d'hyperventilation dans un sac à papier mis à sa disposition (comme dans un avion !). et la solitude exacerbée des personnages (cette porte qui les sépare, tel un mur de la honte). En assistée qui manigance, l'attachante Patrizia Macaux a la bonne foi des oiseaux blessés, et l'écoeurantite aiguë des laissés-pour-compte. Sa vis-à-vis québécoise, Maureen Martineau, a tout l'aplomb nécessaire pour camper cette assistante qui n'a "aucun problème" mais peu de reconnaissance, d'où la dérive des mal-aimés. La pièce déboulonne les préjugés des deux clans avec une circonspection doublée d'une remarquable finesse d'observation. Au-delà de la cloison qui les empêche de se regarder dans le blanc des yeux, il va y avoir rapprochement entre ces deux travailleuses du quotidien et ces (futures ?) mamans. De part et d'autre, la réalité surclasse les idées reçues, la solidarité, même embryonnaire, ajoute un petit triomphe à son tableau de chasse. La finale, particulièrement brillante, laisse à penser que, pour peu qu'elle puisse être inversée à tout moment, il existe aussi une hiérarchie pour les gens en situation de pouvoir. Et s'il ne suffisait que d'ouvrir la porte pour se libérer de cette société qui tue les rêves dans l’œuf »
Nicolas Gendron-Dimanche Matin-Montréal, 7 mars 2007
« Je reste impressionnée par la qualité de votre création théâtrale et la justesse de votre interprétation. Ce fut un réel plaisir pour nous tous »
Anne-Marie Robert, professeur à l’HENAM Namur, 14 janvier 2010
« Revenez Lundi a suscité beaucoup de réactions positives de la part des étudiant(e)s. Nous avons continué le séminaire, le lendemain, en reprenant certaines scènes. C'est réellement un bel outil pour nous »
Thierry Wodon, professeur à l’Henam Namur, 24 janvier 2010
« ...nous tenons à vous écrire ce que nous n'avons pas eu l'occasion de vous dire de vive voix, à vous et à votre partenaire de jeu. Bravo donc pour ce théâtre qui dit, avec la puissance expressive et la radicalité du style, la vie telle qu'elle va, telle qu'elle est, dans sa dureté, sa cruauté, qu'il s'agit de reconnaître, de dénoncer, mais sans haine ni désespoir. Le texte qui se développe sur les registres les plus contrastés est superbe : humour, vérité, crudité, tendresse, réalisme, rêveries ... les émotions se bousculent mais n'empêchent pas d'ouvrir les yeux sur ce monde. On ne pouvait mieux typer le langage de l'assistante sociale déchirée entre les règlements et le réel souci de l'autre, et le langage des bonnes résolutions contrebattues par le désir de vivre de l’"assistée".
Merci pour ce bain d'humanité, cette lucidité et cette confiance faite aux êtres »
Jean Florence, psychanalyste et ancien directeur du Centre d’Etudes Théâtrales à Louvain-la-Neuve
Fiche technique
Espace scénique : salle
Ouverture : 6m
Profondeur : 5m
Hauteur : 4m
Occultation indispensable
Electrique : triph.380v+n/32a
Durée spectacle 60min.
Temps de montage : 3h
Temps de démontage : 2h
Equipe : 2 régisseurs, 2 comédiens
Public idéal : 120 personnes
Distribution
Jeu : Danièle Ricaille, Patou Macaux
Mise en scène : Michel Cormier et Giovanni Orlandi
Dramaturgie : Catherine Graham
Ecriture : Maureen Martineau et Patou Macaux
Scénographie : Soivi Nikula et Pierrick Fréchette
Régie : Gippi Mazzarella, Olivier Duriaux
Conditions financières
Prix : 1100
Intervention Art et vie (en tout public) : 510
+ Intervention province
N° de réf. A&V : 2209-1