Ce projet initié en janvier 2023 rassemble une quinzaine de participantes qui se sont engagées dans la création d’un spectacle dont le propos est résolument tourné vers l’aujourd’hui.
Au départ d’un crime d’honneur (l’affaire Sadia Sheikh), elles s’emparent de l’espace public pour mettre en lumière le poids des traditions, de la charge mentale, les inégalités et les injustices dont sont victimes les femmes. Quelle que soit leur nationalité, celles-ci sont un maillon essentiel de la société mais leur place reste encore trop souvent bafouée et leur statut non égalitaire à celui de l’homme.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Belgique a conclu « les accords bras contre charbon » et a été puiser des forces vives en Italie, pour travailler dans les charbonnages. L’équation ne s’est pas réduite aux seuls hommes ; peu après leur arrivée, ce sont les épouses, les mères et les enfants qui ont emprunté la route de l’exil. Ces femmes, demeurées trop longtemps dans l’ombre de la figure héroïque de leurs pères et maris ont pourtant permis que ce pari socio-économique soit possible. Il nous a semblé intéressant de pouvoir rétablir cette parole de femmes dans l’histoire de l’immigration belgo-italienne.
Samedi matin, au salon. Les coiffeuses s’activent, les clientes défilent. Sur fond d’un fait divers et à la lumière de leurs parcours de femmes originaires d’Italie, elles questionnent la place de la femme aujourd’hui, dans l’espace familial, professionnel et social. Si le ton est léger, le propos est critique.
Les partenaires de la Compagnie du Campus sur ce projet sont la Régionale de Présence et Actions Culturelles de Mons-Borinage, le Centre culturel de Boussu et l’asbl Femmes Immigrées et Culture. Nous avons pu collaborer également avec le département Prévention - Service de Cohésion Sociale de la ville de Mons.
Elles sont quatorze joyeuses Commares de la région de Mons à s’être réunies, durant plus d’une année, au Centre Culturel de Boussu. Leur projet : créer collectivement un spectacle, à partir de leurs questionnements de femmes italiennes résolument modernes.
Et des questionnements, elles en ont beaucoup ! Qui leur viennent de leurs expériences singulières et de leur regard sur le monde. Certes nous ne sommes plus au temps où les jeunes filles étaient chaperonnées dès qu’elles sortaient de la maison, où elles étaient obligées d’accepter un mariage arrangé, où la perte de la virginité jetait l’opprobre sur la famille, où les études étaient réservées aux garçons. Le droit s’en est mêlé, les lois ont changé, les violences faites aux femmes sont punies. Mais les mentalités ne suivent pas les lois.
Si les Commares ont à titre individuel gagné en liberté et en autonomie, elles ont bien conscience que la lutte est loin d’être terminée. Dans certaines communautés des mariages forcés se pratiquent encore, avec parfois la complicité des mères. Ailleurs et ici, les chiffres des féminicides sont alarmants. Dans le monde du travail, les femmes demeurent discriminées. Dans l’espace privé, leur charge mentale est souvent très lourde. Dans l’espace public, l’image des jeunes filles est la plupart du temps hyper sexualisée.
Aussi, si les Commares évoquent des moments du passé dans leur spectacle, elles parlent au présent. Nous avons fait le choix de situer l’action dans un salon de coiffure. Nous sommes d’emblée dans un univers féminin, qui permet du jeu et de l’action. Un univers professionnel pour les unes, avec ce que cela implique de rapport de pouvoir, et un univers de détente pour les autres, les clientes. Un lieu de vie, où peuvent apparaître commérages et préjugés, mais aussi des moments d’intime et de solidarité.
Lorsque les Commares regardent le chemin parcouru, des premières improvisations au spectacle « Espresso & bigoudis », elles s’accordent pour dire qu’elles ont rêvé, imaginé, appris, partagé, se sont amusées, se sont dépassées, ont surmonté la difficulté de mémorisation du texte et de précision du jeu. Toutes saluent cette belle aventure humaine qui leur a donné un plus de confiance en soi, de confiance dans le groupe et qu’elles sont prêtes à partager avec le public.
Ce spectacle est destiné à tous publics, et à toutes les personnes qui, de près ou de loin, sont impliquées dans la question de l’immigration et des droits des femmes en général. La rencontre qui suit le spectacle propose une réflexion avec le public, quel qu’il soit, pour une ouverture vers l’autre.
L’échange abordera les questions suivantes : le poids des traditions, la charge mentale, les inégalités et les injustices dont sont et ont été victimes les femmes et spécifiquement celles issues de l’immigration belgo-italienne et des migrations successives.
Cet échange permet également de demander aux participants comment le processus s’est déroulé. Comment il a été possible de parler de choses si personnelles et parfois traumatisantes, pour en faire un spectacle vivant, et, nous le croyons, drôle. Cet échange, en plus d’être un partage d’expériences et de pratiques ouvrira la voie, espérons-le à un autre possible à forger ensemble.
Dossier de diffusion
Photos
Fiche technique
Espace scénique : salle
Ouverture : 6m
Profondeur : 5m
Hauteur : 5m
Pendrilllons fond noir à l’italienne
Occultation indispensable
Electrique : 220v
Durée spectacle 50min.
Temps de montage : 4h
Temps de démontage : 2h
Equipe : 2 régisseurs, 14 comédiennes
Public idéal : 180 personnes
Jeu : collectif des Commares : Anna Maria, Carmela, Rosetta, Violette, Assunta, Sara, Celestine, Maryline, Concetta, Giovanna, Sophie, Barbara, Lina, Santa, Marie
Mise en scène : Linda Vaccarello
Ecriture :
Patrizia Macaux
Création son et lumière : Olivier Duriaux
Infos et contact diffusion :
remi.lobet@gmail.com