La Compagnie du Campus est née d’un noyau de comédiens amateurs du Jeune Théâtre de l’Université Libre de Bruxelles qui découvraient des auteurs inconnus et des genres inexploités (Adamov, Brecht,…). Ce théâtre universitaire participait à un théâtre politique, par une théâtralisation différente du répertoire ou par une relecture des classiques.
Progressivement, ces troupes se sont professionnalisées. Parmi celles-ci, la Compagnie du Campus a découvert et mis en œuvre les principes d’un théâtre qui se voulait au service de l’action culturelle et politique, dont les créations théâtrales, immédiatement ancrées dans les problèmes du temps, s’adressaient à des publics populaires. C’est-à-dire des publics que la culture dominante n’atteignait pas. Ces créations étaient l’occasion pour ces personnes de concevoir un usage social, politique et critique de l’outil théâtral. Ils jouaient dans des lieux de diffusion inhabituels : syndicats, cours de cantine d’usines inoccupées, manifestations,…. Depuis lors, la Compagnie du Campus conçoit la démarche du Théâtre-Action comme une pratique vivante de création collective de spectacles : son objectif est que tout être humain qui s’y implique, se revendique comme créateur d’une histoire collective. Notre pratique de Théâtre-Action s’inspire du vécu quotidien de personnes confrontées à des situations d’injustices et de domination, qui n’ont pas de place dans l’invention culturelle du monde qui les entoure ainsi que de celui de ceux et celles qui luttent à leurs côtés. Nous utilisons avec eux le théâtre pour montrer un autre regard sur des problèmes de société.
« Le théâtre ne peut être à l’abri du monde tel qu’il est et de l’injustice sociale qu’il produit »
Actuellement, le Théâtre-Action compte 20 compagnies en Communauté française de Belgique, reconnues comme compagnies professionnelles par le décret des Arts de la Scène depuis 2003.
La création collective en atelier a toujours été l’aspect majeur de l’engagement de la Compagnie du Campus. Après 40 années d’existence, il a permis à des centaines de groupes, formels ou informels, d’associations, de mouvements de découvrir et d’utiliser le théâtre comme langage au service de leur parole et action.
Nos ateliers théâtraux se conçoivent comme un acte de résistance aux critères de compétition, de performance, de rentabilité. Déconnectés de ces enjeux sociaux, nous visons à ce que persiste un lien essentiel entre ce qui est dit et montré et ceux ou celles qui le disent et le montrent. Ce qui est pour nous la seule façon de ne pas reproduire le modèle social qui prétend que la conscience de l'histoire échappe toujours aux communs des mortels. Sous les feux des projecteurs, ce sont les collectifs eux-mêmes avec lesquels nous partageons un processus de création théâtrale, qui se mettent en scène pour transmettre leur parole particulière et pour toucher d'autres publics en résistance lors de la circulation de leurs spectacles.
Ce travail a pris une dimension internationale qui montre à quel point la résistance à la dégradation générale des conditions de vie n’a pas de frontières.
L'histoire de la Compagnie reflète l'importance de l'équilibre entre le travail d'atelier (expression des individus, des groupes, de leur recherche, de leur action) et les créations propres de la Compagnie qui sont l'expression théâtrale directe de son identité.
Ces créations autonomes s'inscrivent dans une relation étroite avec un terrain d'activité, un engagement, un projet militant. Elles se nourissent toujours du travail des animateurs en atelier. Les créations autonomes adoptent une démarche de théâtralisation qui maintient la rigueur du propos en prenant toujours en compte la plus grande accessibilité aux différents publics. D'autre part, faire du spectateur un "acteur potentiel" est aussi un des enjeux de la création autonome.
Quarante années d'expérience d'animations et créations théâtrales ont amené la Compagnie du Campus à développer son axe de formation, transmission par les animateurs de l'essentiel de leur pratique de terrain.
Il s'agit moins de formation à une technique qu'à une démarche culturelle avec le souci constant de ne rien engager dans un groupe sans avoir sondé les implications réelles de l'action future, au-delà de la formation.
Les multiples interrogations qui ont traversé la Compagnie du Campus quant au rôle du comédien-animateur et quant au sens d'une pratique théâtrale en atelier ont constamment nourri cette action de formation. La formation permet d'assurer la continuité dans la défense des principes fondamentaux du Théâtre-Action.
Dès ses origines, la Compagnie n'a cessé d'agrandir son espace d'intervention dans le développement d’un mouvement international de Théâtre-Action.
La préoccupation de la Compagnie est celle d’un aller-retour : il s’agit de mettre en lien les spectacles réalisés en Communauté Française de Belgique au-delà des frontières. Ces relations internationales se développent principalement avec le Québec, la France et l’Italie (Toscane, Pescara ...) où la Compagnie du Campus a été chargée par le WBI (Wallonie Bruxelles International) du programme de développement du Théâtre-Action en Italie.